Il est inconvenant de larmoyer sur un échec sportif alors que des gens souffrent dans leurs corps et dans leurs cœurs. Nous avons une forte pensée pour ce peuple d’Ukraine victime d’une folie impérialiste et contraint de fuir son pays ou de se réfugier dans les sous-sols. Qu’il retrouve vite la joie de vivre et, entre autres, le plaisir de se rendre dans les stades. « La guerre est un mal qui déshonore le genre humain », écrivit Fénelon, mis au ban pour avoir osé critiquer la politique expansionniste de Louis XIV. L’Histoire est un éternel recommencement …
Mais nous devons tout de même parler de rugby et de Pro D2. Colomiers a subi, jeudi à Bayonne, sa dixième défaite de la saison, la sixième consécutive en déplacement, la plus lourde aussi : 37 à 10. Sa défense, si efficace une semaine auparavant, a craqué à cinq reprises et, pour la première fois, l’adversaire a franchi la barre des trente points.
Si les Bayonnais avaient d’entrée mis la pression, la première offensive d’envergure des Columérins (ce sera la seule de la soirée), amorcée par Edoardo Gori, relayée par Yann Peysson et Peni Rokoduguni et conclue par Alexis Palisson pour un très bel essai dès la 6e minute, autorisait tous les espoirs. Cinq minutes plus tard, un geste mal maîtrisé et dangereux d’Anthony Coletta sur l’insaisissable Sireli Maqala allait les anéantir. Difficile au coup d’envoi, la mission s’approchait de l’impossible car l’arbitre sortait logiquement un carton rouge pour ce coup de la corde à linge immortalisé par les catcheurs. Mais, sur un terrain de rugby, il n’y a pas de place pour les copycats de l’Ange blanc, Chéri Bibi ou Lino Ventura même si Roger Couderc s’égosillait autant en commentant leurs combats qu’en encourageant les « petits ».
La suite ne fut qu’un long calvaire pour des Columérins amenés à subir, beaucoup subir, réduits au rôle de sparring-partners et finalement submergés. Avides de mouvement, particulièrement remontés, les Bayonnais produisaient sans cesse du jeu, tout en perdant de nombreux ballons (19 contre 15 pour les visiteurs) emportés par leur générosité offensive. En face, le courage ne pouvait suffire à une équipe accumulant les fautes sous la pression adverse (17 pénalités concédées contre 8).
Une journée bonne et l’autre non. Revoilà ainsi le club à la Colombe au sixième rang (54 points), devancé par Nevers (57) et Carcassonne (56), suivi par Montauban (52 et un match en retard à disputer le 17 mars à Béziers). Ce parcours en dents de scie des Columérins, qui ne parviennent plus à s’exporter, les place sous tension avant chaque rencontre à domicile. Il leur reste huit matchs, dont cinq à Michel-Bendichou où ils sont condamnés au sans-faute pour assurer la qualification. L’opération « play off » passe ce vendredi par la réception de Béziers. Ce sera sans Anthony Coletta qui manquera sans doute plusieurs rendez-vous car la commission de discipline de la LNR ne lui fera probablement pas de cadeau. Et comme les emmerdes volent toujours escadrille, Paul Pimienta, l’un des hommes forts du moment, s’est blessé à une cheville juste avant la mi-temps où Maxime Granouillet, sonné, a dû abandonner le combat et Alexandre Ricard a laissé deux dents sur la pelouse, victime d’un choc avec le crâne de Maxime Javaux contraint, lui, de sortir moins d’un quart d’heure après sont entrée en jeu. L’oiseau déplaisant symbolisant la malchance selon Donat Coste est de retour. Pourvu qu’il reprenne très vite son envol vers d’autres cieux.
La soirée bayonnaise a donc laissé des traces. Aux Columérins de les effacer face à des Biterrois en quête d’une performance pour croire au « top 6 » d’autant plus qu’ils peuvent miser sur leur match en retard. Et ces Biterrois sont généralement de coriaces adversaires pour nos Columérins.
Jean-Paul Pronzato