Posée sur une branche d’un arbre arrosé par une froide pluie d’automne, une colombe n’avait pas le cœur à chanter. Elle pensait à ce club dont elle est l’emblème, à cette fin de deuxième bloc de Pro D2 gâchée par un non-match face aux Carcassonnais prouvant que personne n’est à l’abri d’un accident de parcours.
La colombe se disait que Jacques Chirac avait raison lorsqu’il usait de cette maxime : « Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille ». En effet, sur la défaite étaient venues se greffer trois blessures sérieuses. Ainsi Aldric Lescure (biceps meurtri) et Jean Thomas (épaule) sont-ils « out » pour une longue période. Thomas Larrieu (poignet) a également été blessé.
Cela fait beaucoup d’autant plus que l’infirmerie était déjà bien garnie. Si les retours de Johan Deysel (actuellement avec la sélection de Namibie), Grégoire Maurino et Paul Pimienta sont actés, Hika Elliot, Maxime Granouillet, Beka Sheklashvili et Romain Bézian sont toujours écartés de la compétition.
La colombe se lamentait en repensant aux trois défaites concédées lors du bloc, à son équipe plombée par des imprécisions — une moyenne proche de 16 ballons perdus par rencontre; 2,8 sur des touches. Et ces imprécisions se trouvèrent souvent à la source de nombreuses pénalités comme dans les ultimes instants face à Carcassonne avec deux cartons jaunes en sus. Conserver le ballon à ce moment-là aurait permis de s’épargner un final cruel. Les Columérins ont ainsi bouclé le bloc avec trois défaites plus qu’évitables, les premières de leur saison, pour deux victoires de prestige.
Profitant d’une éclaircie, la colombe déploya ses ailes en se remémorant cette phrase de Shakespeare : « Gémir sur un malheur passé, c’est le plus sûr moyen d’en attirer un autre ». Elle cessa de se plaindre en pensant qu’au tiers de la saison régulière, Colomiers était dans la course en vue des « play off » : quatrième avec 33 points (les 11 du deuxième bloc s’ajoutent aux 22 du premier) et 70% de victoires, c’est tout de même bien. Nul n’est parfait ; nul n’est invincible. Et les indisponibilités permettront d’utiliser le potentiel d’une classe biberon emplie de promesses. Pour peu que la scoumoune s’en éloigne.
La colombe se dit alors qu’après la pluie viendra le beau temps.
Au moment de conclure, nous avons choisi Alexandre Ricard, deuxième ligne le plus souvent combattant de l’ombre, comme Columérin du deuxième bloc. Sa bravoure et son talent furent de précieux atouts pour son équipe.
Jean-Paul Pronzato