Vers le Levant, rien de nouveau : Colomiers y a concédé, jeudi à Carcassonne, sa septième défaite consécutive en déplacement, 24 à 18, pour le compte de la 25e journée de Pro D2. Les voyages forment, paraît-il, la jeunesse. Pour les Columérins, ils engendrent de la tristesse.
Colomiers a sauvé de justesse sa place dans le « top 6 ». Sixième avec 62 points comme Montauban, le club à la Colombe devance son rival tarn-et-garonnais au bénéfice des points-terrain (5 à 4), à trois longueurs de Carcassonne et une de Nevers. Derrière, Provence et Béziers (59 points) montrent à nouveau les dents.
Une mêlée dominatrice, seule satisfaction de la soirée, a poussé celle des Carcassonnais, pourtant réputée, cinq fois à la faute. Elle aurait pu faire basculer le match à la fin. Las ! Thomas Girard, trop gourmand, a expédié dans l’en-but sa tentative de touche de pénalité. A-t-il été victime d’un vent capricieux – il l’avait dans le dos – effectuant des allers-retours à Albert-Domec ? L’arrière ne peut être tenu pour seul responsable de la défaite. L’essai n’était pas acquis. Car, une fois encore, les Columérins se sont montrés imprécis (4 touches perdues entre autres) même si le curseur des ballons égarés n’a pas dépassé la douzaine. Ah ! Les chiffres. Décidément leur interprétation peut s’avérer aléatoire.
Les Audois ont été plus habiles dans l’exploitation des munitions fournies par leurs adversaires. Ceux-ci ont tout de même inscrit deux essais, par Florian Nicot au terme d’un joli mouvement agrémenté d’un geste spectaculaire de Peni Rokoduguni et par Youssef Saaidia en force. Mais ils ont péché, comme trop souvent, à l’approche de la zone de marque, se heurtant à une défense efficace. Une forteresse érigée sous la houlette d’Aurélien Cologni, un treiziste comme Shaun Edwards, l’artisan de celle du XV de France. Les Haut-Garonnais n’ont ainsi pas pu exploiter pleinement leurs ballons portés. Les Audois, eux, les ont poussés à la faute dans ce secteur. D’une manière générale, l’indiscipline a plombé la prestation des visiteurs. Plus puissants, bien organisés, joueurs, les hommes de Christian Labit ont mérité leur succès. Voilà.
À cinq étapes de la fin de la phase régulière, tels des cyclistes en pleine saison des classiques empruntant des secteurs pavés, nos Columérins doivent s’employer à éviter chutes et crevaisons. Les éminents spécialistes de la « petite reine » vous diront qu’on ne gagne pas dans « l’Enfer du Nord » sans y échapper. Pour rester en selle en tenant le haut du pavé, il est indispensable de déjouer le plus possible les pièges surgissant dans la course à la qualification sans poser les deux pieds sur la même pédale. Les Columérins peuvent y parvenir, bien sûr. En commençant par se rassurer ce vendredi lors de la réception de la lanterne rouge narbonnaise qui semble éloignée des affres provoquées par la trouée de Wallers-Aremberg, haut lieu de Paris-Roubaix, mais vendra, n’en doutons pas, chèrement sa peau.
Jean-Paul Pronzato
