Ce Colomiers-Mont-de-Marsan, présenté comme l’un des sommets de Pro D2, a tenu toutes ses promesses. Il a offert un spectacle intense et de grande qualité, avec énormément de générosité dans le jeu pouvant expliquer un nombre élevé de ballons rendus de part et d’autre.
Julien Sarraute avait assimilé le rendez-vous à une ascension de l’Everest pour les siens face à une montagne venue d’un plat pays sur laquelle ses huit derniers assaillants venaient de dévisser. Les alpinistes de la Colombe l’ont réussie même s’ils ont manqué d’un peu d’oxygène dans les derniers hectomètres lorsque la mêlée adverse a pris le dessus. Le retour de Thomas Larrieu pour la stabiliser et un ultime effort défensif, dans la lignée de ceux accomplis auparavant, ont préservé leur succès, mérité, 27 à 23. Ce score s’inscrit parfaitement dans l’historique des rencontres entre les deux formations à Michel-Bendichou depuis une dizaine d’années, l’écart final oscillant toujours entre deux et sept points.
À l’issue de l’antépénultième journée, ce résultat place Colomiers (5e ; 74 points) en position très favorable dans la course aux « play off ». Le club à la Colombe est à deux longueurs du quatrième, Nevers. Il en possède deux d’avance sur Carcassonne et toujours sept sur Provence, seule équipe à pouvoir le priver de dessert.
Vendredi, des effluves printaniers flottaient sur la pelouse. Que ces senteurs sont agréables ! Sans trop jouer les thuriféraires, nous pouvons affirmer que les Columérins, animés d’une volonté farouche, ont livré leur meilleure prestation de la saison. S’ils ont été gênés par le jeu au pied de pression des Landais, ils ont gagné la bataille du sol, très « ruck’n’roll », et, dès qu’ils sont parvenus à mettre du rythme, ils ont fait mal à leurs adversaires, s’appuyant notamment sur le talent de Michele Campagnaro, un joueur « fuoriclasse » comme disent les Italiens, qui retrouve son véritable niveau. Passeur décisif à deux reprises pour le finisseur Peni Rokoduguni, il a signé avec éclat le troisième essai. Son équipe a également pu compter sur la grosse performance des travailleurs de l’ombre du pack.
Les leaders montois ont démontré que leur statut n’avait rien d’usurpé. Toujours prêts à exploiter la moindre faille, à s’engouffrer dans la moindre brèche – les deux flèches décochées par l’insaisissable Wame Naituvi l’ont prouvé –, ils ont fait planer une menace que le courage, la résilience et la solidarité des locaux ont permis de repousser.
Il reste deux matchs, à Bourg-en-Bresse le 6 mai et face à Agen le 12, pour valider l’invitation pour la table du dessert. Les Columérins y sont presque. Encore un (tout) petit effort. Et comme l’appétit vient en mangeant, pourquoi ne pas croire à un meilleur classement pour un barrage à domicile. Mais, là, ils ne sont pas maîtres de leur destin.