Ils avaient faim, faim de victoire, faim d’exploit face au leader oyonnaxien. Jeudi soir, dans la froidure, les Columérins, fiers combattants, ont mordu à pleines dents dans le mets de choix qui leur était servi. D’entrée, ils ont allumé le feu — (ah que) coucou Johnny — pour le déguster à point.
Complètement dépassés lors du premier acte (26-3), les Aindinois sont repartis défaits 29 à 17 après une série de dix succès. Pourtant fort de la meilleure attaque et de la meilleure défense, le leader a été bousculé comme jamais cette saison. « Ooooh ! C’est énooorme ! », aurait pu s’exclamer Fabrice Luchini qui est au théâtre (et au cinéma) ce que Antoine Dupont est au rugby : un maestro. Il aurait même pu ajouter : « C’est hallucinant ! »
Imposant un rythme élevé et évoluant avec maîtrise, les Columérins n’ont pas laissé respirer les « Oyomen » au cours d’une mi-temps où nous avons pu apprécier le retour de mouvements offensifs d’envergure un peu oubliés ces dernier temps. L’un d’eux a abouti au deuxième essai, œuvre du finisseur Peni Rokoduguni trois minutes après celui de Beka Sheklashvili soutenu par tout le pack.
Après la pause, la pression allait s’inverser. C’était prévisible. Oyonnax, avec l’apport massif d’un banc bâti pour cela avec six avants, a pu grignoter une partie de son retard en prenant notamment le dessus en mêlée, un secteur où les gars du Haut-Bugey avaient souffert auparavant. Mais Colomiers, perdant moins de ballons qu’à l’accoutumée, sait aussi défendre. Une démonstration de résilience dans un domaine où la solidarité s’exprime pleinement. Cette défense a résisté, avec ferveur, ne cédant qu’à deux reprises sous les coups de boutoir des visiteurs.
Les Columérins sont même venus chatouiller leurs adversaires dans leur camp tout en s’exposant aux foudres d’un arbitre ne badinant pas avec le fait de chambrer. De quoi faire sourire quelques nostalgiques du dimanche à 15 heures. Maxime Granouillet a ainsi été rappelé à l’ordre en première mi-temps, Paul Pimienta, lui, a écopé d’une pénalité en seconde faisant perdre le bénéfice d’une possession dans le camp oyonnaxien à son équipe. Cela aurait pu avoir une fâcheuse conséquence, le troisième ligne Kevin Lebreton trébuchant sur le palier de l’essai dans la foulée. C’est comme ça. Désormais, c’est « #hashtagueule » sur le pré.
Cette 19e journée de Pro D2 a permis à Colomiers de retrouver la quatrième place d’un classement perturbé par la Covid-19. Plusieurs prétendants au « top 6 » (Montauban, Aurillac, Vannes, Provence, Béziers) mettront leur calendrier à jour cette semaine. La 20e étape est programmée les 10 et 11 février avec, pour Colomiers au repos le week-end prochain, un déplacement sans doute glacé à Aurillac.
En attendant, leur prestation de jeudi est de nature à regonfler le capital confiance des Columérins qui, en première période, ont proposé leur meilleur rugby. Froid en extérieur, chaud dans les cœurs. « Éric la mascotte » aurait aimé.
Jean-Paul Pronzato