Un observateur du Colomiers-Vannes de vendredi soir ignorant tout du premier bloc réussi par le club à Colombe aurait pu se demander comment il pouvait occuper la quatrième place à l’issue de la douzième journée de Pro D2. Les Columérins ont perdu devant leur public (23-29) en passant complètement à côté du sujet à l’image de leur ouvreur, visiblement déboussolé après s’être loupé sur son premier ballon. Le malheureux Romuald Séguy — l’un des meilleurs une semaine auparavant à Narbonne — ne peut cependant être tenu pour seul responsable car le naufrage est collectif.
Séduisants au mois de septembre, les Columérins sont passés du show à l’effroi, enchaînant deux défaites sur leur pelouse avec, entre-temps, un succès poussif à Narbonne en aucun cas rassurant. Les Frères Jacques y perdraient leur latin. Certains se souviennent sans doute de ce quatuor vocal, quatre lascars aux tenues improbables de nos jours (justaucorps, collants noirs, gants blancs et hauts-de-forme) et au répertoire humoristique, voire grivois, dont une chanson, « C’est ça l’rugby », expliquait qu’entre Montauban et Perpignan chaque équipe s’imposait – « évidemment » – à domicile et donc perdait – « c’est évident » – en déplacement.
La Colombe a du plomb dans l’aile. La prestation de ses joueurs vendredi nous laisse penser que le ressort est cassé. Le staff va s’employer à le réparer. Sa tâche est d’autant plus ardue que l’escadrille des emmerdes vole encore au-dessus de l’équipe : après Victor Delmas qui a vu sa saison prendre fin à Narbonne, Thomas Girard a été sévèrement secoué au milieu du premier acte que Hugo Pirlet a terminé avec une main cassée.
Face aux Vannetais, après une première mi-temps plus que moyenne à l’issue de laquelle ils menaient pourtant (13-3) avec un essai de Waël Ponpon, opportuniste et véloce, les Columérins ont sombré. La panne totale. Avec un déchet énorme. Comment gagner avec une vingtaine de ballons perdus, dont la moitié sur des en-avant, un jeu au pied catastrophique ? Fébriles, apeurés même, les locaux ont laissé les visiteurs mettre la main sur le match. Ils ont alors encaissé quatre essais, une première pour une défense pourtant connue pour sa solidité. Deux le furent après de véritables offrandes aux Bretons. Comment, après avoir récupéré un ballon chaud près de sa propre ligne d’en-but, peut-on cafouiller pour le rendre aussitôt à l’adversaire tout heureux de profiter de l’aubaine ? Que dire de cet oubli en fond de touche à l’origine du deuxième ? Colomiers n’y est plus. L’essai d’Edoardo Gori à la sirène, au bout de la seule offensive d’envergure, n’a fait qu’atténuer l’ampleur de la défaite d’une équipe qui n’avait auparavant jamais perdu de plus de deux points. Car, pour la première fois, les Columérins n’ont rien marqué au classement.
Colomiers reste dans le coup pour la qualification avec une avance de dix longueurs sur un duo Aurillac-Provence qui représente à ce jour la menace, mais cette avance pourrait fondre comme neige au soleil si l’équipe ne retrouve pas la lumière. Le déplacement à Agen, ce vendredi, ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. Dès lors, fions-nous à ce proverbe chinois : « La défaite est un pont vers la victoire ». Encore faut-il que ses piles soient solides.