La défense reste le socle de toute victoire, un socle sur lequel s’appuie l’attaque pour l’ériger. Au risque de nous répéter, citons Aydin Örs, coach emblématique du basket turc : « La défense est comme un bon ami qui ne vous laisse pas tomber dans les mauvais jours. » Ce qui est valable pour le ballon orange l’est également pour l’ovale. Solidarité, esprit de corps, caractère peuvent atteindre leur paroxysme dans cet exercice.
Vendredi, à Rouen, Colomiers a fait appel à ces éléments avant de décrocher un quatrième succès, 24 à 19, en autant de journées de Pro D2. Car ses joueurs ont, pour la troisième fois après les rencontres face à Provence et Oyonnax, atteint la mi-temps avec un handicap au tableau d’affichage (0-9). Empruntés, sans imagination, indisciplinés (13 à 3 contre Colomiers, c’était le score des pénalités à mi-parcours), les Columérins ont longtemps buté sur des Rouennais qui n’avaient qu’à attendre la faute pour récupérer le cuir et les renvoyer dans leur camp. Une bouillie de rugby pour la première période, la plus mauvaise des hommes de la Colombe depuis le début de la saison.
Dans une cité que Victor Hugo qualifia de « ville aux cent clochers », nous pouvions alors imaginer qu’un carillon allait retentir à la pause dans le vestiaire des visiteurs.
Mais, déjà, leur défense avait eu la parole à l’approche du repos lors d’une grosse séance de pilonnage déclenchée par les Normands. En limitant les dégâts à la marque, les Haut-Garonnais pouvaient espérer.
La métamorphose s’est opérée dès la reprise, avec une mêlée revigorée, deux ballons portés aplatis par Maxime Granouillet et Youssef Saaidia, avant un troisième essai signé Pierre-Samuel Pacheco pour sa première feuille de match à ce niveau au terme d’un joli mouvement enrhumant la défense adverse.
Ne pleurons pas sur le bonus offensif envolé – les locaux n’ont pas volé leur défensif – après la sirène sur un essai de pénalité. Ce n’était que le deuxième essai encaissé, après celui concédé en début de rencontre face aux Aixois au début de la rencontre inaugurale, après 314 minutes d’inviolabilité !
Insistons encore sur la complémentarité du groupe. Colomiers a su s’imposer avec treize changements (!) dans son XV de départ. Et, une nouvelle fois, l’apport du banc s’est avéré prépondérant.
Les Columérins doivent cependant s’attacher à gommer les imprécisions constatées, se maîtriser (quatre cartons jaunes en Normandie, c’est beaucoup), car à trop jouer avec le feu, ils risquent de se brûler.
Pour bien finir le premier bloc avant un week-end de repos, la vigilance sera de mise ce vendredi pour la réception de Montauban, une autre formation qui aligne les succès. Espérons la présence de nombreux supporters pour pousser derrière les « Bleus » de la Colombe afin que les Tarn-et-Garonnais ne s’imaginent pas à Sapiac.
Jean-Paul Pronzato