En battant Bourg-en-Bresse 27 à 10 vendredi soir, Colomiers a renoué avec le succès à Michel-Bendichou où le club à la Colombe n’avait plus gagné depuis le 15 octobre, face à Bayonne. Entre-temps, Carcassonne et Vannes étaient venus s’y imposer. Ce succès lui permet de conserver la quatrième place (41 points) à l’issue de la quatorzième journée de Pro D2 avec toujours un matelas de neuf points sur le septième, Carcassonne, premier non qualifiable pour l’heure.
Tlaloc, dieu de la pluie dans la mythologie aztèque, avait décidé de la rappeler à ses côtés alors qu’elle inondait avec abondance la région depuis plusieurs jours. Au coup d’envoi elle avait en effet cessé. Sur une pelouse alourdie peu propice aux grandes envolées mais loin de ressembler à un bourbier —certains joueurs l’ont pourtant quittée maculés comme des cyclistes sortant d’un Paris-Roubaix bien arrosé par le ciel et non au bistro du Carrefour de l’Arbre —, les Columérins ont peiné avant de bâtir une victoire qui, finalement, ne souffre aucune contestation.
Empruntés à l’entame de la rencontre au point de laisser l’initiative aux Burgiens, nos Columérins se sont infligé un handicap de dix longueurs au terme du premier quart d’heure après un essai de l’ailier Thibaut Perrette, sans pot au lait mais perçant comme dans du beurre pour aplatir aux pieds des poteaux.
Cependant, tout en multipliant les pertes de balle — près d’une vingtaine au final dont une dizaine d’en-avant, l’un d’entre eux privant Ugo Séguéla d’un essai —, les locaux allaient profiter de l’indiscipline des Bressans pour revenir dans le match avant la mi-temps (10-10 au repos) grâce à un ballon porté ponctué par Thomas Larrieu sur une séquence en triple supériorité numérique. Le plus dur était fait.
Plus que jamais d’actualité vu les conditions, le concours de jeu au pied d’occupation nous empêchant de prendre le nôtre tournait en faveur des Haut-Garonnais. Avec davantage de détermination, l’apport de leur banc et une conquête efficace — la mêlée a pris le pas sur sa rivale moins redoutable il est vrai que celles affrontées dernièrement —, ils pouvaient à deux reprises goûter le gazon de l’en-but adverse, par Guillaume Tartas (son premier essai à ce niveau), filou et puissant à la fois, et le véloce Peni Rokoduguni exploitant une mise sur orbite de Paul Pimienta.
Ne faisons pas la fine bouche parce que le bonus leur tendait les bras. Ce succès suffisait amplement au bonheur des hommes de Julien Sarraute et Fabien Berneau, ramenant de la confiance au sein du groupe avant d’aller, dès jeudi, défier le leader, Mont-de-Marsan, pour la clôture de la phase aller. Avec moins de pression sur les épaules.
Mais au moment où nous pensions que la malchance, cet oiseau déplaisant, avait regagné son nid, il est revenu pour se poser sur Johan Deysel, l’envoyant à l’infirmerie sans doute pour plusieurs semaines. C’est comme ça.
Le succès résonne tout de même comme une éclaircie. Après la pluie, le beau temps. Il convient toutefois de ne pas s’enflammer. Nous n’avons pas admiré d’arc-en-ciel. Mais nous avons peut-être assisté à une renaissance du rugby columérin comme la repousse de l’herbe fauchée. Un regain qui demande une confirmation.
Jean-Paul Pronzato