Au temps de notre école communale, alors que les calculatrices n’avaient pas encore leur place dans les cartables, nous apprenions à compter. La maîtresse ne nous parlait pas de mathématiques mais de calcul. Et il nous arrivait de rentrer à la maison en claironnant fièrement : « Calcul tout juste ! »
Vendredi soir, dans la froidure ambiante à Michel-Bendichou, les Columérins avaient encore cinq points dans leur escarcelle à la sirène. Les Rouennais, courageux, leur en ont ôté un, celui du bonus offensif (comme à l’aller). Il leur en restait donc quatre pour un succès 32 à 29. Trois points qui font quatre ? Maîtresse, je ne comprends plus.
Ce succès, même avec une soustraction à l’heure de la sortie, les locaux auraient sans aucun doute signé pour le décrocher au milieu de la première mi-temps. Ils étaient menés de treize points (3-16) après une vingtaine de minutes catastrophiques. Frileux ( ? ), maladroits, enchaînant pertes de balles (déjà huit à ce moment-là pour seulement une douzaine à l’arrivée) et pénalités, ils avaient subi la loi de Normands accrocheurs mais sans grande imagination. Ces derniers avaient cependant un bon génie en la personne de Peter Lydon, leur ouvreur aux coups de pied impressionnants, opportuniste pour exploiter un rebond trompant Thomas Girard par ailleurs auteur d’une belle prestation.
Au-delà de la victoire — elle seule est belle, ne l’oublions pas —, c’est le caractère des Columérins qu’il convient de mettre en exergue. Respectant un scénario déjà connu lors de la phase aller, ils ont cru en eux pour entamer une remontée. Encore derrière à la pause (13-16), ils avaient cependant mis la main sur le ballon pour parvenir à déplacer leurs adversaires et se donner enfin la possibilité de produire du jeu malgré une certaine inconstance.
Récompensés par quatre essais, deux en force signés Hika Elliot, deux autres en empruntant les grands boulevards et conclus par Alexis Palisson et Peni Rokoduguni avec, à chaque fois, Romuald Séguy dans le rôle du lanceur (au pied pour le premier ; d’une superbe sautée pour le second), les Haut-Garonnais, qui pouvaient compter sur une mêlée efficace (à l’exception de la dernière, lourde de conséquences), étaient nantis d’une confortable avance (+10 et 4 essais à 1) à cinq minutes de la fin. Le chaud après l’effroi.
Mais, en poussant les locaux à la faute sur l’ultime mêlée et s’appuyant sur leur conquête en touche, les Rouennais parvenaient, sur leur seule véritable séquence près de la ligne, à réussir l’ultime soustraction avec une réalisation du virevoltant ailier Nadir Megdoug venu prêter main forte à ses « gros ».
Les Columérins se contentent donc des ces quatre points car, face aux représentants d’une cité que Victor Hugo avait qualifié de « ville aux cent clochers », ils auraient pu entendre sonner leurs cloches s’ils ne s’étaient pas montrés capables de réagir.
Au terme de la 17e journée, ces quatre points laissent Colomiers dans le top 6 de la Pro D2 (5e ; 45 points) devant Montauban (44) qui n’a pu jouer à Béziers dont l’effectif était impacté par de nombreux cas de Covid, mais à une longueur de Nevers, la formation bourguignonne ayant additionné les points face à Mont-de-Marsan sans subir de soustraction. Si les suivants immédiats (Carcassonne, Aurillac, Provence) ont perdu du terrain, la menace vannetaise se précise même si les Bretons ont encore dix unités de retard sur les gars de la Colombe. Ceux-ci devront s’accrocher lors des deux prochaines journées, à Aix dès jeudi puis, une semaine plus tard, pour la réception d’Oyonnax, irrésistible en ce moment et nouveau leader. Deux échéances périlleuses. MM. Les Columérins, évitez les soustractions !