Guy Roux le répétait à l’envi : « Faut pas gâcher ! » Vendredi soir, à Aurillac, les Columérins ont beaucoup gâché pour s’incliner de justesse, 10 à 12, lors de la 20e journée de Pro D2, terme du deuxième tiers d’une compétition toujours marquée par des rebondissements.
Cette défaite bonifiée (ils n’avaient ramené aucun point de leurs quatre derniers déplacements) leur coûte deux rangs au classement : les revoilà à la sixième place avec 50 points, sur la même ligne que les Carcassonnais (ils bénéficient de leur victoire à l’aller), à une longueur des Nivernais qui seront à Michel-Bendichou jeudi soir. Derrière, si Montauban patine (47 points et un match en retard à disputer à Béziers), Aurillac et Provence, revenus respectivement à six et sept points, espèrent.
Colomiers a été victime d’une conquête aurillacoise provoquant les deux essais inscrits en première mi-temps. Cependant, les Haut-Garonnais, solides et courageux, n’ont jamais été largués dans ce bras de fer des plus intéressants à suivre. Mais, au repos (5-12), ils n’avaient pu scorer qu’une fois, leurs belles intentions de jeu ayant été annihilées par de trop nombreuses pertes de balles (16 au final).
Les Columérins se sont compliqué la tâche en s’égarant sur des chemins sinueux et piégeux (le Cantal en regorge) où ils étaient attendus au tournant par de valeureux combattants. Ils ont certes inscrit deux essais avec Valentin Saurs et Waël Ponpon à la finition, mais ils auraient dû se rendre une ou deux fois de plus dans l’en-but. Du déjà vu. Et que dire de ces quatre touches perdues dans le camp adverse en deuxième période alors qu’ils avaient mis la main sur le match. Ajoutez un Thomas Girard malheureux dans ses tentatives au but (en face, Marc Palmier n’a guère été plus efficace) et coupable d’une mauvaise réception sur une « quille », alors qu’il est généralement très habile dans cet exercice, pour se retrouver à la source de la deuxième réalisation cantalienne et la mission devenait ardue, malgré l’apport vivifiant du banc. « Qui est donc si parfait qu’il vive sans une erreur ? » (Joost Van den Vondel, écrivain hollandais).
Les Columérins pourront toujours pester après l’arbitre. Celui-ci aurait pu (dû ?) leur accorder une ultime pénalité en toute fin d’une rencontre qui allait s’achever sur une tentative de drop contrée de Romuald Séguy. Cette partie, ils l’avaient perdue bien avant par manque de précision. Dommage. Nous venions d’assister à un bon match de rugby, vivant malgré les conditions hivernales, mais l’aiguille du succès a penché côté local et les visiteurs peuvent s’en mordre les doigts. Sans faire injure aux Aurillacois, la prestation columérine méritait meilleure récompense qu’un point de bonus défensif. C’est grave frustrant comme diraient les « jeun’s ». Pour eux la langue française n’est plus vraiment celle de Molière. Carrément. Vous « kiffez » ? Moi pas de « ouf ». Mais c’est comme ça. Il faut vivre avec son temps sous peine de passer pour un vieux schnock « chelou ».
Revoilà donc nos Columérins sous pression pour accueillir les Nivernais —qu’ils laissent cette pression à la buvette, elle sera rouverte pour l’occasion. Comme avant la réception d’Oyonnax. « Bis repetita placent. » Les choses répétées plaisent.
Jean-Paul Pronzato