Colomiers a perdu vendredi soir à Nevers, 19 à 17, après cinq succès consécutifs. Ça alors ! Nul n’est invincible, l’Histoire nous l’enseigne, et les joueurs ne sont pas des robots. « Invictus », c’est pour le cinéma. Le point de bonus défensif ramené de la Nièvre doit être qualifié de bon comme ceux que nous rangions précieusement dans une boîte au temps de notre école primaire pour nous en servir d’atouts dans les négociations avec nos parents. Les « jeun’s » d’aujourd’hui, penchés sur leurs portables, ne peuvent pas connaître.
Ce point permet à Colomiers de gagner un rang pour se hisser en tête du classement à la hauteur de Mont-de-Marsan (23 points), battu à Oyonnax, un duo rejoint par Bayonne, pénible vainqueur de Béziers. L’Aviron reste la seule équipe invaincue après six journées de Pro D2.
Il n’est cependant pas évident de se satisfaire de cette défaite bonifiée car si Nevers n’a pas volé le match, Colomiers a eu toutes les cartes en main pour le gagner. Deux coups du sort ont permis aux Bourguignons de s’en sortir : l’interception, dans son propre camp, d’Aviata Silago pour un essai à zéro passe leur redonnant de l’espoir alors qu’ils étaient menés 11 à 3 ; la pénalité sur le poteau de Thomas Girard à une minute et trente secondes du terme de la rencontre. Elle aurait permis aux Columérins de s’assurer quatre longueurs d’avance pour les mettre à l’abri en évitant d’en encaisser une de 50 mètres après la sirène. Cruel ! Rageant ! C’est le sport…
Malheureux sur le coup, Thomas Girard avait déjà touché du bois en première période sur la tentative de transformation de l’essai de Kane Palma-Newport (son premier sous le maillot de la Colombe), un essai inscrit en force au terme d’une action amorcée par une percée lumineuse d’un Michele Campagnaro qui retrouve petit à petit ses sensations.
Inutile d’accabler le buteur columérin, ni Romuald Séguy, auteur de la faute décisive à la fin, la onzième concédée par son équipe pourtant beaucoup plus disciplinée que lors de ses deux précédents déplacements. Manquer une pénalité dans ses cordes, cela arrive à tous les buteurs, même les meilleurs. Demandez à Sir Jonny Wilkinson s’il n’a jamais connu l’échec dans cet exercice. Et n’oublions pas le rendement de l’arrière si précieux depuis le début de la saison.
De ce match de haute volée, disputé par deux belles équipes et bien arbitré par Mathieu Noirot — il convient de le souligner —, retenons l’intensité du combat, le suspense et la prestation columérine dans son ensemble. Les Haut-Garonnais, dominant assez nettement par moments, notamment lors du premier acte, ont confirmé qu’ils pouvaient bousculer les autres grosses cylindrées du championnat, même loin de Michel-Bendichou où ils défieront dès jeudi soir l’Aviron Bayonnais pour un duel avec vue sur les sommets d’une Pro D2 décidément passionnante et dont le niveau est de plus en plus élevé. Plus que jamais, cette compétition-marathon mérite l’appellation d’antichambre de l’élite.
Jean-Paul Pronzato