Champion « ad honores » en 2020 d’une Pro D2 stoppée après vingt-trois journées, cinquième en 2021 (76 points), sixième en 2022 (78 points), Colomiers tient son rang et sa deuxième qualification consécutive en phase finale d’un championnat passionnant ne doit rien au hasard. La performance mérite d’être saluée d’autant plus que le niveau de la compétition augmente d’année en année. Tous les observateurs s’accordent à le reconnaître.
Mont-de-Marsan, Bayonne et Oyonnax ont dominé la saison régulière. Derrière, la bataille s’est avérée féroce pour les trois autres places qualificatives. Colomiers a signé dix-huit victoires (pour 12 défaites), deux de plus que le quatrième, Nevers, une de plus que le cinquième, Carcassonne, seule équipe à avoir battu deux fois le club à la Colombe. Mais les Columérins n’ont décroché que six points de bonus (2 offensifs) contre quatorze pour les Nivernais, dix pour les Audois.
Si les Columérins ont atteint leur objectif de base, ils ont encore échoué en barrage à Oyonnax, comme l’an dernier. D’où l’importance d’évoluer à domicile à ce stade de la compétition. Ces Columérins, inconstants dans l’ensemble, se sont souvent montrés trop imprécis et trop indisciplinés pour concrétiser leur bel investissement. Ils ont en outre souffert d’un manque de densité, d’un déficit de puissance sans un véritable porteur de ballon lorsque leurs adversaires, évitant de se faire écarter, sont parvenus à ériger une muraille qu’ils n’ont pu lézarder que rarement. Et des absences pour blessures ont été préjudiciables. L’indisponibilité du phare Romain Bézian —il n’a pu disputer que les trois premiers matchs— a ainsi pesé dans la balance.
Refermons l’armoire aux regrets car, répétons-le à l’envi, le parcours des hommes de Julien Sarraute et Fabien Berneau, avec un budget de milieu de tableau, est louable et, même sans la cerise, le gâteau reste savoureux. Certes, l’argent est un atout précieux, mais il ne fait pas toujours le bonheur. Mont-de-Marsan navigue dans les mêmes eaux financières que Colomiers et Carcassonne revendique le statut de club le moins riche.
Au terme de l’exercice, citons trois joueurs qui sont à nos yeux les hommes de la saison columérine : Thomas Girard, qu’il ne faut surtout pas juger sur ses (rares) échecs au pied ; Peni Rokoduguni, solide défenseur et toujours capable de mettre le feu dès qu’il touche le ballon ; Alexandre Ricard, précieux combattant des tâches obscures du pack qui a acquis une nouvelle dimension.
En 2022-2023 (rendez-vous à la fin du mois d’août), la Pro D2 va à nouveau franchir un palier au vu de l’armement annoncé par certaines écuries. Les Columérins, jugés sur leurs trois derniers parcours, devront justifier leur statut. Nous sommes impatients…
En attendant, levons encore une fois notre verre (avec modération) à leur santé en empruntant ces vers (sans modération) à l’inoxydable Hugues Aufray, 92 printemps :
« À tous ceux qui partent/ Tchin tchin tchin/ À tous ceux qui restent/ Tchin tchin tchin… Toi qui ce soir a perdu/ Toi qui ce soir est battu/ Je veux croire mon frère/ En levant ce verre/ Je veux croire encore à ton espoir… »
Jean-Paul Pronzato
