Il s’appelait Jordan. Jordan Michallet. Il venait d’avoir 29 ans. Mardi dernier, l’ouvreur de Rouen a dit adieu à la vie. Quatre jours auparavant, il avait livré son dernier combat de rugbyman sur la pelouse de Colomiers. Son décès touche toute la grande famille du rugby et nous avons une forte pensée pour lui et pour ses proches. Un hommage lui a été rendu sur tous les terrains de la 18e journée de Pro D2.
En pareilles circonstances, parler d’une victoire ou d’une défaite peut paraître incongru. Mais, le spectacle continue, ont coutume de dire les circassiens après un accident. Aussi attardons-nous sur la prestation décevante de nos Columérins, battus 27 à 20 jeudi soir à Aix-en-Provence. Certes, elle laisse le club à la Colombe dans la course à la qualification (6e ; 45 points), mais elle relance un adversaire redevenu un concurrent direct (38 points). Colomiers n’a qu’une longueur de retard sur Montauban (un match en moins) et Nevers qui cohabitent au quatrième rang et quatre d’avance sur Carcassonne. Le club Audois est allé faire le plein à Rouen où l’émotion était sans doute trop forte pour les Normands.
Dans ce contexte, priver les Provençaux du bonus offensif après la sirène atténue légèrement, très légèrement, la déception. Car Colomiers avait les moyens de beaucoup mieux faire. Mais, faute de réalisme et de précision, ses joueurs n’ont pu exploiter leurs temps forts, avec une touche beaucoup plus propre qu’à l’accoutumée, gâchant notamment trois occasions en finissant par rendre la possession après des ballons portés dans les « 22 » des locaux. Un air de déjà vu. Les Columérins éprouvent toujours autant de difficultés dans la zone de marque s’ils ne parviennent pas à hausser le rythme sans commettre une faute de main.
Devancés d’une courte tête à la pause (3-5), ils pouvaient toujours espérer. Las ! Sans être vraiment dominés par la suite, ils subissaient les percussions adverses et, après avoir pris l’avantage grâce à un essai de Michele Campagnaro, ils s’exposaient illico à la puissance d’un Luke Tagi en mode bulldozer. Puis Théo Belan, avec une réussite maximale, enfonçait le clou à deux reprises. Colomiers venait d’encaisser un 21 à 0 en dix minutes avant l’ultime réalisation signée Karl Château.
Bien sûr, l’effectif compte de nombreux joueurs indisponibles et cela pèse. Un joueur quitte l’infirmerie, un autre y entre. Et il y a la menace Covid avec le dénommé Omicron (il pourrait aller se faire voir chez les Grecs !) qui se propage à la vitesse de l’éclair. Les staffs doivent improviser. Toutes les équipes sont impactées, certes à des degrés différents. Cessons cependant d’insister sur les absences de Pierre, Paul ou Jacques. Jeudi, Provence alignait sur la feuille trois gamins de 19 ans et un de 18. À Colomiers, les événements ont permis à Mathis Galthié, 20 ans, demi de mêlée comme papa, de disputer ses quinze premières minutes en Pro D2. Une entrée dynamisante avec une part active dans la construction de l’essai de Karl Château.
Ce jeudi, Oyonnax, le leader, qui a chaussé ses bottes de sept lieues pour atteindre le Top 14 (dix succès consécutifs), sera à Michel-Bendichou. Les Columérins sont-ils prêts pour une grande performance ? Produire un spectacle de qualité serait aussi une façon d’honorer la mémoire d’un homme qui a disputé son dernier match à Colomiers. R.I.P. Jordan.
Dans un autre monde, il refera peut-être les Colomiers-Rouen avec Éric. Éric Fressignaud, « Éric la mascotte », un fidèle de la Colombe, un grand supporter trop tôt disparu. Ses obsèques auront lieu le jour de la réception d’Oyonnax (à 10h30 au Crématorium de Cornebarrieu), et, le soir, un hommage lui sera rendu au stade Michel-Bendichou qu’il aimait tant fréquenter. R.I.P. Éric.
Jean-Paul Pronzato