Résurgence
Pour commencer cette chronique, je ne résiste pas à l’envie de vous conter une histoire marseillaise. Une histoire vraie, pas une galéjade. Nous sommes le 22 août 1998. Au Stade Vélodrome, Montpellier mène 4 à 0 à la mi-temps face à l’OM alors cornaqué par Rolland Courbis. Dans le vestiaire, il dit à ses joueurs : « À la pétanque, on peut perdre 12 à 0, mais tant que le treizième point n’est pas marqué, le match n’est pas perdu. » Marseille a gagné 5 à 4. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, à la sauce Courbis.
Jeudi soir, à Michel-Bendichou, face aux Aurillacois, les Columérins étaient largués au terme du premier acte : 0-16. Fanny ! Oh Bonne Mère. Pas de pétanque sur la pelouse, mais il y avait de quoi avoir les boules. Difficile d’imaginer la suite et la victoire columérine 27 à 22. Où étaient nos Columérins au cours de cette première mi-temps ? Empruntés, accumulant fautes de main et imprécisions, incapables de franchir, ils donnaient l’impression d’errer sur le terrain comme des âmes en peine. Des oublis défensifs avaient permis aux Cantaliens de se rendre à deux reprises derrière la ligne après un premier sauvetage de Paul Pimienta piégé ensuite par un contrôle orienté du pied de Hugo Bastard pour diriger le ballon dans l’en-but avant que Anderson Neisen ne double la mise après un cafouillage au centre du terrain.
Heureusement, le rugby columérin, comme une eau jusque-là enfouie sous terre, allait ressurgir pour déborder dans le camp adverse finissant par causer des dégâts. Une résurgence matérialisée par les réalisations en force de Paolo Parpagiola (20 ans) pour sa première feuille en Pro D2 et Anthony Coletta, le revenant, avant un troisième essai signé par un Thomas Larrieu en mode filou pour sceller le sort de la rencontre.
Le banc — les « finisseurs » chers à Fabien Galthié — venait d’impulser la révolte. Thomas Larrieu, Hugo Pirlet, Robert Harley, Janse Roux et les jeunes Pierre-Emmanuel Pacheco (quel tonus !) Paolo Parpagiola, Mathis Galthié — Baptiste Serrano était entré dès la fin du premier quart d’heure pour suppléer Max Auriac durement touché à un genou — sont ainsi sortis d’un banc gagnant.
L’essentiel est là. Quant au contenu… Retenons le meilleur visage offert après le repos avec beaucoup de bravoure et de caractère, mais il y a du pain sur la planche avant le voyage à Dax mercredi pour clore le premier bloc de la saison.
*Le Columérin du match : Thomas Larrieu
Jean-Paul Pronzato