Les éclairs
Une giboulée s’est invitée, vendredi soir à Colomiers, avant la rencontre face à Mont-de-Marsan, respectant un rendez-vous de saison avant de réintégrer ses nuages. Un orage, pas vraiment de saison, lui, a préféré laisser ses éclairs zébrer au loin le ciel de la Ville rose. Et sur la pelouse du stade Michel-Bendichou, deux éclairs, rugbystiques ceux-là, ont permis aux gars de la Colombe de signer un précieux succès, 22 à 15 (11-10 au repos).
Le premier fut l’œuvre d’un Rodrigo Marta particulièrement tranchant alors que la troisième minute s’écoulait à peine. Au bout d’une course d’une soixantaine de mètres et d’un numéro de soliste, l’ailier aux jambes de feu a débloqué le compteur. Le second, au cœur de la deuxième mi-temps, a vu Rodrigo Marta —« obrigado » — mettre le turbo à plus de soixante mètres de la ligne adverse avant de lancer Martin Dulon, auteur d’un jeu au pied vers l’en-but. Willie du Plessis, l’ouvreur landais, s’y emmêlait les pinceaux et l’opportuniste Ugo Séguéla, à la source de l’action avec une pénalité jouée à la main et auteur d’une belle prestation, récompensait les siens.
Mais ce succès, auquel Thomas Girard a contribué en punissant au pied l’indiscipline montoise, les Columérins l’ont surtout bâti en défense — « Élémentaire, mon cher Watson » — où leur solidarité et leur caractère leur ont permis de contenir moult assauts, même s’ils ont cédé à trois reprises (Robic, Dufour, Even) au bout d’épreuves de force imposées par un pack landais auquel celui des locaux avec ses guerriers n’avait rien à envier. Ainsi, le mur érigé à une dizaine de minutes de la fin fut un modèle du genre. Car Mont-de-Marsan c’est du solide, du très solide même, et cette équipe talentueuse a prouvé, si besoin était, que son classement (4e) n’était nullement usurpé. Mais les Montois, incapables de transformer leurs essais — le dernier plus de trois minutes après la sirène —, ont laissé filer un point de bonus qu’ils n’auraient pas volé au vu de leur première mi-temps. Et leurs flèches fidjiennes, Semi Lagivala, auteur d’un triplé une semaine auparavant face à Soyaux-Angoulême, et Eroni Sau, qui avait frappé à deux reprises, ont pu constater que leurs vis-à-vis internationaux portugais n’étaient pas que des attaquants, mais aussi de redoutables défenseurs.
Les Columérins auraient pu se mettre à l’abri plus tôt sans des ballons égarés stoppant des offensives bien amorcées. Une fâcheuse habitude ! Leur victoire, méritée, ne leur permet cependant pas de retrouver le « top 6 » qu’intègre Brive avec 56 points. Dax (7e) et Colomiers (8e) suivent à une longueur, départagés par les points-terrain, et sont sous la menace de Grenoble (52), Aurillac et Agen (51) à l’issue de la 23e journée d’une Pro D2 dont certains résultats étonnent, ou détonnent. Que penser de l’ampleur de la victoire de Dax sur Béziers (57-20) ou de celle de Grenoble sur la pelouse de Vannes, le leader (17-10) ? Vannes où Colomiers se rendra après les vacances (de printemps) le 29 mars. Ça pourrait piquer…
*Le Columérin du match : Rodrigo MARTA
Jean-Paul Pronzato