Des chiffres, des êtres et des regrets
Dixième ! Avec un total de 64 points pour treize victoires, un nul et seize défaites, Colomiers a bouclé son parcours au dixième rang. Loin de l’objectif annoncé : le « top 6 » et donc la qualification en phase finale convoitée plus ou moins ouvertement par une douzaine de clubs.
Premier avec 77 points et l’assurance de finir au moins dans les quatre lorsque le Covid a stoppé la compétition en 2020 après vingt-trois journées ; cinquième (76 points) en 2021 ; sixième (78 points) en 2022 ; septième (70 points) en 2023 : Colomiers perd chaque année du terrain sans toutefois atteindre les affres de la saison 2018-2019 conclue à la treizième place (61 points).
Certains prétendent qu’on peut faire dire n’importe quoi aux chiffres. Ceux énoncés nous interpellent cependant. Le niveau du championnat s’est élevé d’année en année. Colomiers n’a pas suivi cette courbe ascendante. Certes, avec le dixième budget, le club à la Colombe était moins armé financièrement que bon nombre de ses rivaux, mais l’argent n’explique pas tout. Heureusement. Le parcours de Dax en atteste comme celui de Brest dans un autre monde, celui du football. Colomiers termine à un rang conforme à ses moyens…
D’autres chiffres nous gênent. Prenons celui des ballons perdus : sa moyenne flirte avec seize. Dans ce domaine, pointons les nombreux lancers en touche égarés (le lanceur n’est pas forcément le seul responsable) et les fautes de main en pagaille qui empêchent d’aller au bout des actions avec, en outre, de grosses difficultés près de la ligne alors que Colomiers a souvent la meilleure possession dans les « 22 » adverses. Ces maux, récurrents, polluent l’efficacité de l’équipe, stérilisent son jeu. Heureusement, la mêlée a dans l’ensemble bien tenu la route. D’autre part, que dire de la discipline : vingt-neuf cartons jaunes, quatre rouges, une moyenne de pénalités supérieure à quinze avec une pointe à dix-neuf à Grenoble avec, il est vrai, ce jour-là un arbitrage déplorable. Ajoutons les difficultés à l’export : un seul succès pour quatorze échecs en déplacement. Regrettable car Colomiers n’a pu préserver son invincibilité à Michel-Bendichou : un nul et deux défaites. L’équipe est toujours capable de fulgurances, mais son parcours est frappé du sceau de l’inconstance.
D’aucuns évoqueront la malchance et le nombre important des blessures. Toutes les équipes sont plus ou moins impactées. François Mathet, qui fut l’un des meilleurs entraîneurs de chevaux du XXe siècle (les plus grandes épreuves de galop figurent à son palmarès), a dit un jour : « La chance n’est que le résultat de la volonté et du travail intelligent. »
Le groupe columérin a besoin d’une régénération. Des arrivants peuvent y contribuer si leur intégration est rapide. Des joueurs emblématiques comme Romain Bézian, Thomas Dubois et Thomas Girard ne seront plus là, mais des anciens — Anthony Coletta, Maxime Granouillet, Thomas Larrieu, Jean Thomas notamment — doivent pouvoir imposer leur leadership à une jeunesse talentueuse issue du centre de formation. Ces jeunes ne pourront donner le meilleur d’eux-mêmes que s’ils sont tirés vers le haut dans une équipe en pleine confiance.
2023-2024 appartient au passé. Place à 2024-2025 en espérant remonter la pente. Le moraliste Joseph Joubert (1754-1824) n’a-t-il pas écrit : « L’espérance est un emprunt fait au bonheur. »
*Le Columérin de la saison : Rodrigo MARTA
Jean-Paul Pronzato