Il est arrivé à Colomiers Rugby l’âge de 6 ans. Champion de France Crabos, Thomas Dubois fait partie des joueurs les plus capés de la Colombe avec 238 matchs. Il a réalisé toute sa carrière professionnelle à Bendichou, 12 saisons sous le maillot columérin. Notre pilier gauche fera son dernier match ce vendredi soir face à Valence-Romans, accompagné d’Andrew Ready et Hugo Pirlet en première-ligne. À quelques heures du coup d’envoi, notre Columérin évoque sa carrière, son plus gros regret ou encore son meilleur souvenir en bleu et blanc.
Comment se sont passés ces dernières semaines, jusqu’à ce dernier match demain soir ?
Cela a été dur il y a trois mois au moment de l’annonce. C’était vraiment compliqué et il y avait beaucoup de questions sur la suite dans le rugby ou non. Mais il faut avancer avec des premières pistes plus ou moins intéressantes. J’étais bien entouré avec ma famille et mes amis.
Pour ce dernier match, je pense qu’il y aura beaucoup d’émotions comme pour tous ceux qui vont arrêter. Je suis quelqu’un d’assez sensible donc il va falloir travailler avec ça tout au long de la journée, sinon ça sera dur.
Est-ce que tu as commencé vraiment à t’en rendre compte de cette fin de carrière ?
Je m’en suis rendu compte à Brive ! Et il y a eu cette rentrée face à Montauban où j’ai pleuré en me disant que c’était l’avant-dernier match à Colomiers. Il y a eu plusieurs déclics ces derniers jours. Quand je suis passé dans le tunnel après l’entrainement collectif ou encore à la dernière séance de muscu. Mais je vais vraiment prendre conscience quand je me lèverai le lundi matin et que je n’aurai pas à chausser les crampons.
Est-ce tu pensais faire toute ta carrière professionnelle dans un même club ?
Je suis arrivé dans le rugby à 16 ans grâce à un ami. Très vite, il y a eu les sélections régionales et France, le titre de champion de France Crabos et j’ai toujours travaillé pour ça. Mais je n’avais pas pensé à être rugbyman professionnel jusqu’à mes 20 ans.
Après deux ans à Perpignan dont je suis natif, je suis revenu à Colomiers en 2012. Je suis une personne assez fidèle dans la vie en général. Je me suis dit, si c’est pour jouer en France et en Pro D2, je préfère rester à Colomiers. Je croyais au projet de Colomiers Rugby de participer à des phases finales et de vivre pleinement tout ça avec le club qui m’a fait découvrir le rugby. Je n’ai jamais fait mes choix par rapport à l’argent. Je voulais qu’au moment d’arrêter, être fier de ce que j’avais fait plutôt que d’avoir couru après quelque chose. Aujourd’hui, je suis content même s’il restera ce goût amer de ne pas avoir atteint ces 250 matchs avec la Colombe. Certains diront que je ne me suis jamais mis en danger en partant, je ne l’ai pas fait par peur mais parce que j’ai énormément d’amour pour ce club.
Cela fait 12 ans que tu es dans le groupe professionnel de Colomiers Rugby. Comment as-tu vu l’évolution du club et du groupe ?
Depuis 2012, l’état d’esprit est toujours le même. On voit que le club fait des efforts pour faire face aux formations qui grandissent à la fois dans les effectifs et les budgets. Colomiers Rugby reste toujours dans cette bataille d’être convivial et familial et être professionnel. La Colombe essaye de garder ce partage avec les supporters et les personnes autour du club. J’espère que Colomiers Rugby va continuer de perdurer en Pro D2 mais surtout d’être une place forte de championnat. Ce club le mérite.
Aujourd’hui, quel est ton meilleur souvenir avec Colomiers Rugby ?
C’est la demi-finale contre Bayonne en 2016. À ce moment-là, seul le premier monte directement. La saison était complètement folle. J’ai joué avec David Skrela qui a été la première grosse star pour moi à Colomiers Rugby. Le stade était plein et c’était à Bayonne, donc exceptionnel. Tu avais les chants, le soleil et du jeu. C’était la fête du rugby pour moi. J’ai compris ce jour-là, pourquoi des personnes étaient passionnées du rugby. Et puis personnellement, c’était assez conflictuel avec mon père car je n’ai pas fait de grosses études. C’était la première fois qu’il venait me voir et a compris que c’était mon métier.
Et quel serait ton regret dans ta carrière ?
J’ai deux choses que je regrette. Je voulais tenter une expérience à l’étranger. Au départ, il y avait l’Angleterre comme Victor Delmas à Bath. Et plus récemment, je réfléchissais aux États-Unis et au Japon. Je voulais explorer quelque chose car dans ma vie personnelle ça n’allait pas trop. Aujourd’hui, je me laisse la possibilité plus tard de le faire comme consultant mêlée.
Justement, est-ce que tu veux continuer dans le rugby dans une autre fonction ?
Je ne me vois pas entrainer comme je l’ai dit, plutôt comme consultant mêlée comme Alexandre Castola chez nous. Mais au début, je ne pense pas dans le monde professionnel. Après, je ne vais pas tout couper de suite avec le rugby, ça serait trop brutal. Je vais aller vers le rugby amateur pour prolonger cette passion. Et je garde dans un coin de ma tête, cette expérience à l’étranger mais pas comme joueur.
C’est le dernier match ce soir pour de nombreux joueurs. Comment s’est passée cette semaine ?
C’est particulier car on ne joue rien au classement. Les coachs nous mobilisent pour bien finir. Mais cette dernière semaine est à l’image des joueurs partants. Nous avons beaucoup déconné entre nous. Ces 4 jours de travail ont été studieux mais assez légère pour profiter. Elle devait être comme ça cette semaine. Sur la mise en place, nous avons fait de belles choses tout en étant détendu. Le but est de vivre pleinement cette journée, il y en a qu’une !