« Acta est fabula », disait-on dans le théâtre antique pour signifier la fin d’une représentation. Comme en 2021, les Columérins ont achevé leur parcours en Pro D2 à Oyonnax au terme d’un barrage perdu 19 à 15, vendredi, avec de gros regrets à nourrir. En ce mois de mai, la contrée aindinoise ne leur a pas souri. Deux semaines auparavant, à Bourg-en-Bresse, ils avaient abandonné tout espoir de conclure la saison régulière au quatrième rang et de disputer ce barrage à domicile. « Ho hé Ain pas bon ». Pardon Nino.
Ce fut un vrai match de phase finale, un âpre combat, tendu, intense, frappé jusqu’au bout du sceau du suspense. Souvent, en pareilles circonstances, ses acteurs déclarent que cela s’est joué sur des détails. Les deux pénalités manquées par Thomas Girard peu avant l’heure de jeu doivent-elles être considérées comme des détails ? Cela fait partie du rugby et tous les buteurs, même les meilleurs, connaissent l’échec. La charge, à la 5e minute, de Gabiriele Lovobalavu sur Alexis Palisson était-elle répréhensible ? Les Columérins répondront par l’affirmative. Anthony Coletta en a fait la remarque à l’arbitre, Jonathan Dufort, qui n’a pas jugé opportun de faire appel à la vidéo. Peut-être serait-il temps d’instaurer un « challenge » comme au tennis. Le capitaine pourrait demander (une fois par mi-temps ?) au referee de visionner une action et celui-ci serait obligé de s’y soumettre avant de prendre une décision. En attendant, ce fait de jeu appartient déjà au passé. La pièce est jouée. Et l’arbitre a toujours raison…
Une fois encore, depuis la mise en place des barrages, l’équipe évoluant à domicile s’est imposée. Huit sur huit. Les quatre premiers de la saison régulière composent le dernier carré.
Colomiers avait cependant les moyens de brouiller les cartes. Mais ses joueurs n’ont pas pleinement réussi leur prestation. Manquant de maîtrise et de précision à des moments clés, ils ne sont pas parvenus à mettre du rythme pour déplacer leurs adversaires. Disciplinés en seconde période alors que les locaux étaient sanctionnés, ils ont su répondre présents dans le combat avant de tomber les armes à la main tels de valeureux soldats. Ils ont fait honneur à leurs couleurs prouvant que leur place n’avait rien d’usurpé. Mais ils n’ont pas lézardé le mur défensif adverse, une forteresse façon Vauban face à laquelle leurs coups de béliers sont restés vains d’autant plus qu’ils ont été exposés aux paluches de Kevin Lebreton, un diplômé ès grattage, et ils ont été empêchés de sortir les flèches des lignes arrières de leur carquois.
Finalement, Oyonnax, qui a inscrit le seul essai du match (un autre a été justement refusé pour un en-avant au départ de l’action), n’a rien volé et Colomiers n’a donc pas démérité. Les hommes de la Colombe, après leurs vacances, se prépareront pour repartir au combat à la fin du mois d’août et, espérons-le, nous offrir au printemps 2023 de nouvelles phases finales. Car tout le monde y a pris goût.
Jean-Paul Pronzato