L’ombre d’Hitchcock
À défaut de solliciter Alfred Hitchcock — le maître du suspense a quitté ce monde en 1980 — les Columérins ont peut-être fait appel à son esprit pour écrire le scénario, vendredi soir, d’un passionnant Colomiers-Brive. Une pénalité d’Ugo Pacôme à la sirène leur a donné la victoire, 20 à 19. Menés au repos (7-13), ils ont su renverser le sort de la rencontre au bout d’une deuxième mi-temps entièrement à leur avantage.
Dans ce match de qualité, un match de haut de tableau, avec un combat de tous les instants — ça tapait fort ! —, les Columérins ont toutefois gâché des occasions. Manquant de maîtrise, ils ont rendu des ballons à foison (entre autres une dizaine d’en-avant dont quatre dans la zone de marque alors que le plus dur semblait fait) et leur énorme envie de produire du jeu s’en est trouvée altérée. Après avoir ouvert le score par Anthony Coletta , un essai « à la… briviste » — les Corréziens excellent généralement lorsqu’il s’agit de faire parler la force —à la suite de plusieurs temps de jeu près de la ligne, ils ont souvent tendu le bâton. Leur deuxième essai, encore « à la briviste » — les visiteurs avaient marqué entre-temps par Lucas Da Silva à la conclusion d’un ballon porté —, fut signé Théo Lachaud après une touche de pénalité cette fois bien négociée. Il les avait alors parfaitement relancés au milieu du second acte. Mais les gars de la Colombe avaient décidé (involontairement) de laisser planer le suspense. Plusieurs fois sur le métier ils ont remis leur ouvrage après avoir gâché des munitions.
Ce succès, aussi étriqué soit-il, constitue une belle récompense pour les Haut-Garonnais dont l’esprit de corps doit être loué. Souvent contrés par la défense agressive des Corréziens, en difficulté dans les « rucks », ils n’ont jamais renoncé, relevant courageusement le défi physique imposé par leurs surpuissants adversaires. Ceux-ci ont peut-être cru, sans faire preuve d’une grande efficacité offensive alors qu’ils se nourrissaient surtout des bévues adverses, que le destin allait leur sourire, mais la volonté farouche de leurs hôtes a fini par les neutraliser.
Malgré la victoire, Colomiers perd un rang au classement et se retrouve septième (57 points) rejoint par Soyaux-Angoulême, vainqueur bonifié d’Aurillac. Le club charentais bénéficie de l’avantage des points-terrain. Ce duo ne compte que deux longueurs de retard sur le cinquième, Béziers. Nos Columérins se rendront, vendredi prochain, pour la 23e journée, à Aix-en-Provence — « Il y aura du lourd », pourrait faire dire Laurent Gerra à Fabrice Luchini — sans pression. Mais pas sans ambition.
*Le Columérin du match : Vincent PINTO
Jean-Paul Pronzato