Vendredi noir
Certains diront qu’il fallait s’y attendre, qu’avec une équipe remodelée et rajeunie — 20 Jiff sur la feuille — en l’absence de cadres ménagés en vue de la réception de Provence dès jeudi, ou blessés, Colomiers ne pouvait s’en sortir à Grenoble, dans l’antre du leader. Mais, au-delà de la défaite, son ampleur était inimaginable : 65 à 19 ! Neuf essais (à 3) dans la musette. Une raclée mémorable.
Colomiers vient de subir trois échecs en encaissant 158 points et 20 essais et se retrouve ainsi avec la plus mauvaise défense de Pro D2 (26,6 points en moyenne). Une inquiétante porosité pour une équipe dont le verrou était, il n’y a pas si longtemps, solide.
Dans l’Isère, le club à la Colombe a connu un vendredi noir. Ce « black Friday » n’avait rien à voir avec l’opération commerciale pour laquelle on nous rebat les oreilles, mais les Columérins ont soldé leur prestation et leurs hôtes, réalistes et redoutablement efficaces, en ont profité pour se gaver, notamment en seconde mi-temps. Leurs victimes, devenues naufragées d’un navire à la dérive, étaient des sparring-partners attendant que la correction prenne fin. Apathiques, indisciplinés, ils ont répété des erreurs qui interrogent comme les carences d’une touche qui s’est déréglée au fil du match même si deux de leurs essais, le premier du doublé de Pablo Dimcheff lors du premier acte et celui d’Arthur Diaz en fin de rencontre, ont trouvé leur source dans des conquêtes de l’alignement. Comme quoi…
Trop souvent privés du ballon, gâchant de rares possibilités d’occasions, manquant de maîtrise, de lucidité, les Haut-Garonnais ont subi le tempo d’un orchestre parfaitement dirigé par Sam Davies que son coach a pu faire souffler au bout d’un quart d’heure en deuxième période. Grenoble est sans doute l’équipe la plus complète du championnat, sa position de leader n’a rien d’usurpé, et Colomiers, toujours neuvième à l’issue de la douzième journée, n’était pas invité à sa table.
Les Columérins doivent maintenant digérer cette fessée et s’ôter le rouge des joues en pensant à cette phrase de Bertolt Brecht : « Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu. » Provence Rugby, sérieux prétendant aux phases finales, sera donc à Michel-Bendichou jeudi soir. Debout les gars ! Une quatrième défaite consécutive ferait mal, très mal, et resurgir de vieux démons.
*Le Columérin du match : Jean THOMAS
Jean-Paul Pronzato